Rupture des négociations sur les conditions de travail

LA BANALISATION DU MAL

Nous avons déjà évoqué la décision des dirigeants nationaux et locaux de BPCE de rompre les « négociations » sur les conditions de travail. Sur l’essentiel, ces 3 années de discussions, poussives et très policées pour la plupart des interlocuteurs, n’auront rien changé dans notre quotidien de travail.

Pour autant, cette décision est tout de même lourde de sens et de menaces à peine voilées. En effet, dans le même temps, plusieurs caisses régionales mettent en œuvre un projet d’individualisation intensive des objectifs et des suivis de résultats, avec un « kit de pilotage » bien adapté. Nous entrons dans la phase industrielle du benchmark (système d’évaluation permanente), celui-là même que le TGI de Lyon a déclaré illégal car objectivement « dangereux pour la santé physique et mentale des salariés ».

Sud BPCE va bien sûr continuer de se battre bec et ongles contre ces pratiques aussi absurdes que destructrices, dans toutes les instances locales et nationales. Mais il appartient également à chaque salarié du groupe de réfléchir puis d’agir sur ce qui est en train de se passer.

Tous les diagnostics effectués montrent le lien manifeste entre les pratiques managériales infantilisantes qui se développent et la souffrance au travail qui se généralise. Les plus grands experts en médecine du travail, psychologie et sociologie ont décrit puis dénoncé ces méthodes qui ont généré un véritable problème de santé publique, tout aussi coûteux socialement qu’économiquement.

Les cas de dépression, d’épuisement professionnel, d’exclusion et de suicide se multiplient, sans que le groupe BPCE ne remette en cause sa stratégie et ses pratiques délétères. C’est ce laxisme coupable qui est à l’origine du phénomène aussi écœurant qu’inquiétant auquel nous assistons. Cette problématique est maintenant connue de tous, mais comme dit Edgar Morin «Ce qui nous manque, ce n’est pas tant la connaissance de ce que nous ignorons, que l’aptitude à penser ce que nous savons ». L’attention à l’autre fait normalement partie de la panoplie des relations entre les individus, en milieu de travail comme partout ailleurs. Elle en assure l’humanité. Ce qui se développe dans le groupe BPCE est d’une toute autre nature. La comparaison quantitative et permanente entre les salariés normalise la discrimination, l’isolement et l’exclusion.

Aujourd’hui, nous avons collectivement des armes pour nous battre contre ça et retrouver des conditions de travail et de relation avec la clientèle dignes et efficaces. La loi impose aux entreprises de faire disparaître tous les risques « qui ne sont pas imposés par la nature de la tâche à accomplir ». Sud BPCE active ce levier d’action partout où cela est possible. Mais ne nous faisons pas d’illusion. Sans une réaction collective, qui passe d’abord par la détermination de chacune et chacun à ne plus supporter l’insupportable, soutenue en même temps par une vraie stratégie intersyndicale volontariste, nous devrons nous contenter de poches de résistance à la banalisation sournoise du mal que Pérol et ses laquais développent dans le groupe BPCE.

Paris, le 4 février 2014
L’exécutif national : J.Bonnard – G Breuillat – M.Brugnooge – D.Gilot – JL.Kerenflec’h – B.Konieczynski – JL.Pavlic – A.Quesne – P.Saurin