NEGOCIATIONS SUR LE MANAGEMENT

Directeur d’agence : un dangereux numéro d’équilibriste !

Suite à l’épisode juridique des ateliers, les discussions ont repris en Commission Paritaire Nationale sur le management du travail. Comme d’habitude, les patrons deBPCE ont tenté de restreindre la réflexion collective à leur seule conception du management. Ainsi, le nouveau document blanc proposé résume la fonction managériale de cette manière : gérer une productivité avec des outils de pilotage standardisés.

Ce document nous est présenté comme issu des ateliers de travail dont l’accès nous avait été interdit. Nous avons beaucoup de mal à croire que cette vision dangereuse et étriquée soit partagée par toutes les autres organisations syndicales. En effet, ce projet ne tient aucun compte des diagnostics établis dans toutes les entreprises de la branche Caisses d’Epargne qui sont unanimes à considérer que, limité à cette seule approche gestionnaire, le poste de directeur d’agence est devenu un des plus difficiles à supporter. De plus, cette façon de voir occulte complètement le jugement du TGI de Lyon qui a interdit à la CE Rhône-Alpes de pratiquer le benchmark sous toutes ses formes.

Mais plus grave, les dirigeants se moquent ouvertement des rapports d’experts qui ont suivi les derniers suicides dans le réseau… dont 3 sur 4 étaient des Directeurs ou des Responsables d’agence !

Pourtant, les paroles de nos collègues sont édifiantes : « J’ai l’impression de faire un travail en pointillé, sans cohérence avec la réalité», ou encore : « je me sens comme un hamster à faire tourner la roue sans réfléchir ».

Sud BPCE, notre vision du management est tout autre. C’est avant tout une mission d’animation d’équipe pour laquelle une large autonomie est nécessaire. Aujourd’hui, ce n’est ni la compétence, ni l’implication au travail, ni la conscience professionnelle qui manquent. Ce sont la satisfaction du travail bien fait, la motivation et la confiance qui vont avec. C’est de cela dont notre réseau commercial a besoin, et surtout pas d’un tableur Excel de plus en plus affiné qui gonfle les égo dans le même temps qu’il détruit les collectifs de travail et la santé des salariés.

Les revendications de Sud BPCE sur les pistes de réflexions à ouvrir rapidement répondent à deux principes :

– Le principe de précaution : arrêt immédiat de toutes les formes de benchmark et autres challenges, arrêt des briefings/débriefings, arrêt de toute forme de rémunération aléatoire et remplacement par un salaire minimum décent.

– Le principe de prévention : mise en place de temps d’expression collective pour échanger sur les pratiques, évaluation qualitative prenant en compte la réalité du travail et des moyens, autonomie d’organisation et de gestion du temps, formation à l’écoute et à la dynamique de groupe, création d’une information « montante » dans les unités de travail.

Les managers ne sont pas une caste à part dans notre organisation du travail. Ils sont un rouage essentiel pour que soit respecté l’équilibre subtil entre la pérennité de l’entreprise et de bonnes conditions de travail. Ce qui leur est prescrit aujourd’hui, non seulement ne leur permet pas de respecter cet équilibre, mais rend leur travail au mieux inintéressant et au pire destructeur pour eux et pour leurs collègues. C’est pour toutes ces raisons que nous allons nous battre collectivement pour une vraie négociation de bonne foi.

Paris, le 8 novembre 2013. L’exécutif national : J.Bonnard – G Breuillat – M.Brugnooge – D.Gilot – JL.Kerenflec’h B.Konieczynski – JL.Pavlic – A.Quesne- P.Saurin / N°11-2013

[box type= »warning »]Tout le communiqué en pdf : tract[/box]