LES CAISSES SONT PLEINES

IL EST «L’OR» DE REDISTRIBUER, MONSEIGNOR !

Exceptionnel, tel est le qualificatif employé par tous y compris les experts mandatés par le CSE pour analyser les comptes 2019 lesquels saluent l’extraordinaire performance réalisée durant l’année.
Tous les indicateurs sont au vert : crédit, collecte, une marge nette d’intérêt qui progresse, des frais généraux maîtrisés. Tout cela donne un PNB jamais atteint de 1,111 Md€, un résultat net de 252 M€ et un COEX à 61 %.

On aurait envie de se féliciter d’une telle performance. Malheureusement, elle a été obtenue grâce aux efforts démesurés du personnel en proie encore cette année au sous-effectif. Cette performance a-t-elle été récompensée financièrement à sa juste valeur ? A cette question, nous répondons par la négative.

Une performance remarquable et remarquée

En 2019, le PNB progresse de +8,5 %.

Le développement du fonds de commerce s’est poursuivi en 2019 tant pour la BDD que pour la BDR.

Pour la BDD, le nombre de clients actifs a progressé de 3 % (soit +10 % en 3 ans), les taux d’atteinte des objectifs com- merciaux sont largement dépassés sur la collecte (184 %), la production de crédits (198 %) et l’IARD (109 %). Seule la prévoyance est en dessous de l’attendu (59 %).

Le fait notable concerne l’activité crédit. Pour la BDD l’activité a été portée par le crédit immobilier. La production de crédits est de 10,6 Md€ dont 8,7 Md€ pour les prêts immobiliers. Une progression de 39 % par rapport à 2018 qui était déjà une année de très forte production de crédits.

La collecte BDD progresse de 37 % et se concentre sur les dépôts à vue, les parts sociales et l’épargne financière.

Pour la BDR, au global, la collecte et la production de crédits sont en croissance en lien avec le développement du fond de commerce sur les entreprises et l’ESI. Il y a eu une volon- té de ralentir la production de crédits sur le logement social et le secteur public pour octroyer des crédits mieux margés. Le fond de commerce enregistre une croissance de +10 % sur le segment entreprise et +9 % sur l’ESI.

L’activité de collecte BDR a été soutenue avec +121% à la fois sur les DAV et les CAT, sur les marchés grands comptes Entreprises et Institutionnels.
La production de crédits BDR progresse de 4,8 %.

Notre expert souligne la progression exceptionnelle des en- cours de crédits à la CEIDF avec un encours moyen de cré- dits à la clientèle de +21,30 %, progression très supérieure à la moyenne du réseau CEP.

L’effet volume a permis de compenser la baisse des taux et en 2019 le taux moyen de la collecte client a continué de diminuer. Au global, la marge nette d’intérêt de la Caisse progresse de 7 %.

Les commissions ont progressé de 6 %. Cette croissance reste majoritairement portée par la hausse des forfaits et cartes.

L’évolution des frais de gestion est contenue à 1,4% au regard de la progression du PNB et de la dynamique commerciale. En ce qui concerne le coût du risque dans les comptes sociaux (77,6 M€), la provision sur encours sains (IFRS9) de 27 M€ explique la progression par rapport à 2018.

Le coût du risque avéré (45,8 M€) progresse en ligne avec la hausse des encours.

Le résultat : un résultat net de 252 M€ et un coex à 61,3 % en baisse significative de 4,4 %. La CEIDF se situe dans les 5 meilleures performances des Caisses en termes de coeffi- cient d’exploitation.

Notre ratio de solvabilité bâle 3 ressort à 17 % loin du mini- mum de 12 %, un ratio très confortable selon la direction.

La double problématique de la dégradation
des conditions de travail et de la répartition de la richesse produite

Cette politique de développement par le volume que nous connaissons depuis quelques années entraine des effets très négatifs pour le personnel et les clients.

En 2019, les effectifs ont encore diminué avec une baisse de 2,6 % des effectifs moyens sur l’année.

Cette diminution est concentrée dans la catégorie non cadres et sur les postes du siège.
Le PNB par ETP a progressé de 10 %. Cette hausse de la productivité est lourde de conséquences sur la santé physique et mentale de ceux qui ont survécu à ce rythme infernal.

Ont-ils été récompensés de leurs efforts à due proportion ? Le rapport d’expertise de Syndex, montre que les frais de personnel n’ont pas augmenté en réalité. La hausse de 2 % inscrite dans les comptes est due à une nouvelle dotation aux provisions de 8,5 M€. Soit une dotation de 4,8 M€ pour risque URSSAF en raison de la possibilité de requalification en avantages en nature des prêts au personnel et une provi- sion de 3 M€ pour couvrir le risque d’amende pour non-réali- sation des entretiens professionnels de bilan.

Ce cabinet constate une baisse de la rémunération globale de 1,5 %.

Sud veut mettre fin à cette spirale infernale

La CEIDF doit ajuster les effectifs à ses besoins. Ce n’est pas qu’en période de pandémie qu’il convient de s’inquiéter de la santé du personnel. L’entreprise fait courir des risques sur la santé et le bien-être des salariés d’une part et sur la qualité du service d’autre part.

Nous demandons que l’entreprise évalue la charge de travail et instaure un rythme de travail acceptable.
La considération du salarié passe aussi par une rémunération juste c’est pourquoi Sud réitère sa demande de versement d’une prime dite Macron pour les efforts considérables four- nis en 2019 mais surtout Sud sollicite des augmentations pérennes de salaire. La CEIDF en a les moyens.

Quant aux clients, l’indice de recommandation sur la BDD est très inférieur à la moyenne nationale (- 19 pts / – 8,9 pts au niveau national). Il enregistre également une baisse sur la BDR (- 7pts / – 6,8 pts au niveau national). Cette politique de volume ne laisse pas matériellement aux conseillers le temps de s’occuper correctement de leurs clients. C’est la quantité au détriment de la qualité et cela se ressent dans les indices de satisfaction clients. Il faut sortir de ce schéma. L’expert du comité de Groupe affirmait que la lutte contre l’at- trition passerait obligatoirement par une baisse de la produc- tion. A. David a l’air de penser que les 2 sont compatibles. Produire toujours plus et satisfaire les clients rien de plus simple du haut d’un livre de comptes.

Qu’en sera-t-il pour 2020 ?

2019 est déjà loin. La crise du Coronavirus occupe tous les esprits et vient bouleverser les prévisions budgétaires 2020. F. de Laportalière concède que ce budget est daté. Il nous faudra certainement attendre septembre pour que la direc- tion évalue les impacts de la crise sur les comptes. D’ores et déjà nous savons que les conséquences seront lourdes notamment sur le coût du risque qui doublera ou triplera sans compter les répercussions sur l’activité commerciale. Si on peut craindre l’impact de la crise pour beaucoup de petites et moyennes entreprises, il en va différemment de la CEIDF qui avec ses fonds propres peut faire face sans difficultés.

Cette catastrophe sanitaire a mis en exergue l’importance de l’humain dans le monde du travail. Ce doit être l’occasion pour la CEIDF de revoir son modèle. Ne plus raisonner uni- quement chiffre. Remettre les salariés et les clients au centre des préoccupations.

L’équipe SUD-Solidaires CEIDF

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