NOUVEAU GOUVERNEMENT

POUR Sud BPCE, L’ENNEMI DES TRAVAILLEURS C’EST LE CAPITALISME FINANCIARISÉ

Manuel Valls vient de nommer Emmanuel Macron ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique. Les médias ne tarissent pas d’éloges sur ce jeune loup aux dents longues. Les « personnalités » du microcosme économico-politique ne sont pas en reste. Selon Laurence Parisot, « c’est quelqu’un qui écoute. Il est curieux, il essaie de comprendre. Il est tourné vers les autres ». François Pérol, qui a été comme Macron banquier chez Rothschild et a occupé le même bureau que lui à l’Élysée du temps où il était conseiller de Nicolas Sarkozy, l’aurait poussé à accepter ce poste délicat. Pour le patron de BPCE, « c’est un esprit brillant et séducteur. »

Mais qui est donc Emmanuel Macron ? Qu’y a-t-il derrière la brillance et la séduction ? Quelques éléments de réponse à ces questions se trouvent dans un entretien qu’il a donné à Mediapart il y a un an où il invitait à « revisiter un des réflexes de la gauche, selon lequel l’entreprise est le lieu de la lutte des classes et d’un désalignement profond d’intérêts ». Il avait peut-être échappé à l’intéressé le constat sans appel établi par l’association Oxfam dans un

rapport1 réactualisé par le magazine Forbes2, selon lequel 67 personnes possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, belle preuve de la persistance de « la lutte des classes ». De même, n’était-il probablement pas informé à l’époque du gel persistant des salaires dans le même temps où les dividendes boursiers explosaient (+ 30% en 2014 par rapport à 2013 !), signe non moins tangible de l’actualité du « désalignement profond d’intérêts ». Toujours lors de cet entretien, il avançait qu’à ses yeux, « la gauche moderne… ne peut plus raisonner en termes de statuts. La société statutaire où tout sera prévu va inexorablement disparaître ». Et bien aujourd’hui, le voilà en phase avec le Medef et son projet de casse du code du travail, de remise en cause de ce que le nouveau ministre de l’économie appelle « l’accumulation des droits donnés aux travailleurs » (sic !), c’est-à-dire du CDI, des 35 heures et de la réglementation du travail dominical, pour ne citer que quelques exemples.

Rappelons qu’Emmanuel Macron a été un des concepteurs du pacte dit « de responsabilité » qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction de dépenses publiques au motif fallacieux de réduire les déficits et les dettes publiques. Or ces mesures sont profondément injustes et illégitimes car 59 % de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs appliqués par les banques, comme le démontre un rapport publié récemment à partir de chiffres officiels3.

Macron, qui a été l’assistant du célèbre philosophe Paul Ricœur, ferait bien de se souvenir d’un propos de son maître: «Une société où l’économique domine le politique (et dans l’économique la compétition donc le calcul et l’appétit du gain, ce qui est la définition même d’une économie de marché) est une société qui crée des inégalités insupportables. »

La différence entre un ministre socialiste et un patron de banque sarkozyste a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Macron a gagné 900 000 euros chez Rothschild pour les 5 premiers mois de 2012 et Pérol a encaissé 1 065 282 euros en 2013 à BPCE, autant de rémunérations indécentes prélevées indûment sur le travail des salariés, rémunérations qui participent des inégalités insupportables dénoncées par Paul Ricœur.

Paris, le 3 septembre 2014 n° 10-2014 L’exécutif national SUD BPCE

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