LA FIN DU BENCHMARK EN CAISSE D’EPARGNE ?

LA JUSTICE INTERDIT CETTE PRATIQUE EN CERA,

MAIS D’AUTRES DIRECTIONS REGIONALES S’OBSTINENT A L’UTILISER

Si le mot « travail » tient son origine d’un instrument de torture physique, le benchmark utilisé aujourd’hui par nos dirigeants dans leur organisation du travail vient d’être reconnu par les juges comme un instrument de torture morale !

Le 4 septembre 2012, Sud BPCE a fait condamner la Caisse d’épargne de Rhône-Alpes et fait interdire son organisation du travail reposant sur le benchmark. Les  présidents des autres Caisses d’épargne ne semblent pas vouloir appliquer cette décision. Les diverses
réactions épidermiques qu’ont suscité nos interpellations locales visant à supprimer purement et simplement cet « instrument de souffrance » en sont la preuve.
Pourtant, le jugement est on ne peut plus clair puisque le TGI : « dit et juge que l’organisation collective de travail basée sur le benchmark contrevient aux dispositions des articles L 4121-1 et suivants du code du travail, fait défense à la CERA d’avoir recours à une organisation de travail fondée sur le benchmark… »

Les motivations des juges sont tout aussi explicites : « Atteinte à la dignité, culpabilisation permanente, incitation pernicieuse à passer outre la réglementation, multiplication des troubles physiques et mentaux… » ont été autant d’éléments retenus par le TGI de Lyon pour considérer l’organisation du travail de la CERA nuisible à la bonne santé des salariés. Cette organisation du travail est également préjudiciable aux clients car le juge relève « qu’outre le stress qu’un tel système provoque, il entraîne des pratiques abusives faisant passer la performance avant la satisfaction de la clientèle« .
Sachant que toutes les Caisses utilisent peu ou prou les mêmes méthodes en matière d’organisation du travail, toutes doivent appliquer à titre préventif les dispositions issues de ce jugement. Un autre positionnement démontrerait la mauvaise foi des patrons et leur volonté de se situer hors-la-loi.

Ces dirigeants, soumis à BPCE, ne semblent avoir à ce jour aucun scrupule à laisser en place au sein leur entreprise respective une organisation de travail reposant sur le benchmark. Aussi, toutes les sections syndicales Sud ont interpellé les directoires pour qu’ils
prennent sans attendre les mesures qui s’imposent et respectent la loi en supprimant :

  • Les tableaux de bord individuels ou nécessitant une saisie manuelle.
  • Les objectifs et suivis individuels consistant à une évaluation permanente visant à analyser la performance de chaque salarié par rapport à la performance des autres salariés.
  • Les repères d’activité (nombre d’entretiens repères par semaine selon les métiers).
  • L’entretien journalier ou hebdomadaire individuel bâti autour du « combien plutôt que du comment ».

Les dirigeants ont beau jeu de « se tresser des louanges » dans leur communication en mettant en avant leurs performances locales, et de s’enorgueillir de la soi-disant qualité de leur politique en matière de responsabilité sociale. Il n’en reste pas moins que l’accord national sur l’organisation du travail qu’ils viennent de signer avec toutes les organisations syndicales… sauf Sud, ne supprime toujours pas le benchmark.                                                                                                                                                                                                            Derrière cet affichage de pseudos bons comportements se cache un envers du décor autrement moins reluisant. C’est cette réalité que vivent au quotidien les salariés exposés à la pression commerciale et au mécontentement de la clientèle courroucée par les scandales incessants liés aux bonus exorbitants de nos dirigeants et aux excès de la financiarisation de la société.

Dans un environnement de plus en plus difficile, lourd d’incertitudes, il est inadmissible de voir les Caisses d’épargne, au passé riche et humaniste, devenir des machines meurtrières broyant les esprits et les corps, et faisant de chacun de ses salariés un « travailleur » désabusé. Une telle évolution n’est pas irrémédiable si toutes et tous décidons de nous y opposer. La récente victoire de Sud devant le TGI de Lyon prouve que la lutte et la ténacité payent.

L’exécutif national Sud BPCE